Vous étiez super motivés, vous avez travaillé les kanas comme des fous, à vous en faire fumer le cerveau. Au passage, vous avez acheté 5 manuels et commencé à suivre 12 chaines YouTube… J’avais dit de ne pas le faire mais vous l’avez fait quand même. Si si, je sais. Parce que l’ai fait aussi.
Et ce qui devait arriver arriva.
La motivation a fondue comme neige au soleil quand vous avez constaté que votre cerveau n’arrivait absolument pas à retenir ces longues suites de sons qui se ressemblent tous.
こんにちは、わたしは「…」です。どうぞよろしくおねがいします。おげんきですか。
C’est indigeste n’est-ce pas ? Et pourtant la quasi totalité des cours et des manuels commencent comme ça, par la longue litanie des formules de politesses lors des présentations. Et ce choix, quelque peu discutable, nous oblige à apprendre sans les comprendre des phrases complètes et à se contenter de répéter comme un petit perroquet. Et du coup, à se retrouver en difficulté pour tout mémoriser et à se dire « Olala si je galère déjà à la leçon 1, je n’y arriverais jamais » (je suis forte hein, je lis même dans vos pensées !).
En procédant de cette manière, il y a un risque, effectivement, de se retrouver en échec au bout d’un moment. D’où l’importance de vérifier que l’ensemble de la méthode qu’on s’apprête à suivre ne fonctionne pas comme ça, sinon vous plafonnerez à un niveau de japonais « pour touriste ».
Bien choisir sa méthode
Une bonne méthode est une méthode qui va *réellement* vous apprendre la langue. Ce qui veut dire que les étapes indispensables de grammaire et de conjugaison doivent occuper une place prépondérante dans les apprentissages. Le vocabulaire, somme toute, c’est assez facile de se débrouiller par soi-même. Mêmes les kanjis, en autodidacte, ça passe plutôt bien avec quelques astuces (que je vous détaillerais dans un prochain billet).
Je ne vais donc pas vous conseiller UNE méthode. Parce que les apprentissages, surtout seul dans son coin, c’est vraiment une question très personnelle. Les approches varient selon les ouvrages et peuvent plaire ou non. Mais je vais vous donner une liste de points que vous devez impérativement retrouver dans le ou les livres que vous aurez choisis (attention ma liste est en désordre complet) :
- L’élément です
- Les verbes (forme du dictionnaire, forme polie, formes négatives)
- Les verbes au passé
- La forme en て
- Les vernes ある et いる
- Les particules (は、も、か、を、の、が、に、と、へ、で、から まて)
- Les démonstratifs(これ それ あれ)
- Les adjectifs en い, en -な
- Les adverbes
- Les chiffres ET les compteurs
Il faut savoir qu’il est rare (impossible ?) de trouver une méthode qui explique tous les points correctement. Il m’arrive très fréquemment de jongler d’un ouvrage à l’autre en fonction des chapitres. Là encore, c’est normal.
Pour les compteurs numériques par exemple, Le japonais en manga propose (ou proposait… car mon édition est l’ancienne) un tableau avec la totalité des variations en un coup d’œil. Moi, ça me plait, j’aime les tableaux et les listes à puces pour apprendre.
Mais le reste de l’ouvrage me convient moins, notamment car les romajis sont omniprésents et que mon petit œil a trop tendance à aller les lire au lieu de faire l’effort de « photographier » les mots en kanas.
De manière générale, il vaut mieux éviter les romajis, sauf peut-être pour retenir plus facilement les lectures alternatives des kanjis, car il ne s’agit que d’un son que vous n’aurez jamais à écrire.
La Manekineko est un ouvrage très utilisé dans le milieu scolaire. Je ne l’ai jamais eu entre les mains mais il paraît qu’il est très complet, mais assez dense dans son approche.
A priori il conviendrait mieux à ceux qui ont déjà eu une première rencontre avec le japonais et qui cherchent désormais à reprendre avec un cadre plus solide qu’au grand débutant qui cherchera à être guidé pas à pas.
N’hésitez pas à me dire en commentaire ce que vous en pensez si vous travaillez avec !
Pour tout ce qui est des conjugaisons, très clairement ma préférence va au Cahier d’exercices Assimil, qui n’est pas juste un simple cahier d’exercices. Il contient beaucoup de rappels de cours qui peuvent compléter des explications qui aurait été trop légères dans un autre ouvrage.
Certains chapitres passent quand même trop vite sur les rappels, on ne peut pas se passer d’un manuel complet à côté.
Parmi les ouvrages considérés comme vraiment indispensables, on retrouve les Minna Nihongo. Le dis les, car le manuel étant intégralement en japonais, consignes et leçons de grammaires comprises, il faut un second livre en français qui contient les traductions.
Ce va-et-vient constant entre les deux est assez pénible, on est clairement sur une difficulté supplémentaire gratuite due à une mauvaise présentation. J’ai testé un temps, puis j’ai capitulé, le livre de traduction ayant une présentation horrible (du texte brut). J’y reviendrais plus tard, quand j’aurais épuisé les autres ressources plus abordables en premier.
Pour être parfaitement honnête, je pense qu’il y a une forme de snobisme a se gargariser d’avoir utilisé la méthode des puristes, vintage et complètement en japonais…
Je ne pense pas qu’au niveau débutant ça apporte quoi que soit de plus que les autres méthodes.
Pour les niveaux suivants, la donne change et le démarche devient nettement plus pertinente.
Et les cours ?
Quand je dis que j’apprends majoritairement en autodidacte, je triche un peu…
En 2020, j’avais commencé des cours de langue, dans une association de ma ville. La prof était japonaise, l’ambiance sympa jusqu’à l’arrivée de la pandémie qui a coupé cours à l’année aux vacances de février. Honnêtement, je n’ai pas beaucoup progressé, en dehors des conseils pour tracer correctement les kanas je n’ai pas retiré grand chose. Tout était survolé, sans le moindre point de grammaire et c’est des années après que je comprends enfin pourquoi telle ou telle phrase apprise par cœur est composé de cette manière. La fameux « japonais pour touriste » qu’on sert trop souvent aux débutants.
En 2022, j’ai voulu me fixer des objectifs de réussite et j’ai décidé de m’inscrire à des cours en ligne. Devant les tarifs absolument exorbitants que pratiquent les Youtubeurs-influenceurs, j’ai opté pour les cours du CNED qui étaient les seuls dans mes moyens. Et il s’avèrent qu’ils sont excellents !
Alors il ne faut pas s’attendre à être aidé dans son travail au quotidien, voilà pourquoi je me considère quand même comme autodidacte. C’est un peu moi avec moi-même et mes livres. Le professeur n’est là que pour corriger les examens de fin de module et répondre (souvent à côté de la plaque, ce qui semble être une constante avec les profs de japonais) aux quelques questions qu’on osera lui poser. Mais le manuel de cours et les audios qui vont avec sont super bien faits. La communauté des élèves est un vrai plus, on se motive mutuellement et je pense que ça participe vraiment à la réussite.
J’utilise le cours comme trame de base et je vais piocher mes ressources additionnelles dans les livres et les chaines YouTube au fur et à mesure des besoins. Ca permet d’être sûr de tout couvrir et dans un ordre qui me semble assez logique !
Pour conclure, je dirais qu’il faut se méfier autant des méthodes qui vous vendent une réussite facile (ce ne sera pas facile) que de celles qui se la joue puriste. Comme dans beaucoup de choses dans la vie, de la modération, c’est toujours la meilleur option ^.^
Illustrations いらすとや